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L'Epervier montrant son symbole de coque 2- et son anneau blanc de cheminée (Collection Wilfried Langry) |
Durant
l’entre-deux guerres, le marquage particulier des navires français prend une
importance toute particulière. En effet, l’arrivée de nombreux bâtiments neufs
et le fonctionnement tactique des deux escadres imposent une identification des
navires à longue distance. L’électronique n’ayant pas encore fait son
apparition, ce sont des moyens optiques qui sont mis en place. On verra donc
apparaître de grands chiffres sur les coques et des anneaux de couleurs peints sur les
cheminées.
Les marques de coque :
Les marques de
coque sont appliquées sur les navires légers des Escadres de l’Atlantique et de
la Méditerranée. On les retrouve donc du patrouilleur au contre-torpilleur. Les
cuirassés et les croiseurs ne sont pas concernés par ce système, même s’ils sont endivisionnés. Au fur et à mesure que les navires issus du Programme naval
entrent en service, des numéros leur sont appliqués. L’ancien système
d’identification, appliqué sur les bâtiments survivants du premier conflit
mondial, préconisait de peindre les lettres caractéristiques du nom, au niveau
de la teugue.
Le nouveau système comprend la
peinture de grands chiffres à l’aplomb de la pièce d’artillerie n°2 pour les
torpilleurs et contre-torpilleurs ou à l’aplomb du premier canon pour les
navires plus petits. Ces chiffres ont une hauteur partant de la ligne de
flottaison jusquu’au pont de la teugue. Les chiffres, et plus tard les lettres,
sont également surlignés d’un faux relief noir dont le but est d’augmenter leur
visibilité.
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Le Cyclone, chef de file de la 5ème division de torpilleurs (Collection Wilfried Langry) |
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La Bombarde, troisième navire de la 13ème division de torpilleurs (Collection Wilfried Langry) |
Les marquages
étant de la responsabilité des Amiraux chefs d’Escadre, deux systèmes vont
cohabiter, et ce, jusqu’au 1er octobre 1934. L’identification des
bâtiments de l’Escadre de l’Atlantique ne s’effectue qu’à l’aide des anneaux de
cheminée. Au sein de l’Escadre de la Méditerranée, le marquage des coques par
chiffre est effectif. A cette époque, un seul chiffre permet d’identifier le
navire, un numéro propre à la division étant affecté. Par exemple, la 1ère
division comporte les navires notés 1, 2 et 3. La deuxième division comporte
les bâtiments 4, 5 et 6. Et ainsi de suite…
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Le Vautour en mer. Il fait alors partie de la 2ème division de contre-torpilleurs de l'Escadre de Méditerranée (Collection Wilfried Langry) |
Il est à noter que les bâtiments
hors rang (navires amiraux ou en complément) ne portent pas de marques.
A partir
d’octobre 1934, l’Escadre de l’Atlantique adopte les marques de coque pour ses
navires, avec une différence notable. En effet, les marquages présentent un
tiret à l’arrière du chiffre. Sa fonction est d’éviter la confusion avec
des navires portant le même numéro dans l’Escadre de Méditerranée.
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Le Milan portant le tiret des navires de l'Escadre de l'Atlantique (Collection Wilfried Langry) |
Le 15 août
1936 voit une réorganisation complète du système avec une uniformisation entre
les escadres.
Le marquage de coque est alors
composé de deux chiffres : le premier indique la division d’appartenance
et le second, le rang au sein de cette dernière. Par exemple, si un navire
porte le nombre 53 sur sa coque, cela signifie qu’il fait partie de la
cinquième division et que son rang est le troisième dans la ligne de file. Le
rang est défini suivant l’ancienneté du commandant. Les tirets sont conservés
dans l’Escadre de l’Atlantique. Ce système perdurera jusqu’en avril 1939.
A
partir de cette date, les marques de coque sont complétées avec l’ajout d’une
lettre devant le nombre. Cette lettre désigne le type de bâtiment: X pour les contre-torpilleurs, T
pour les torpilleurs, A pour les avisos, CH pour les chasseurs de sous-marins
et W pour les patrouilleurs. Les navires d'un tonnage supérieur ne sont pas concernés.
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Le Guépard à Salonique en 1941 avec sa marque X31 de couleur rouge brique (Collection Wilfried Langry) |
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Torpilleur Le Basque avec sa marque T92 (Collection Wilfried Langry) |
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L'aviso La Batailleuse A25 (Collection Wilfried Langry) |
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Le Chasseur 4 (A noter: le point entre le CH et le 4) (Collection Wilfried Langry) |
A ce moment la couleur des
marquages reste le blanc souligné d’un faux relief noir. Après la déclaration
de guerre, la circulaire du 6 janvier 1940 impose de repeindre les marques de
coque en rouge brique afin de les rendre plus discrètes. Les travaux s’étaleront
de janvier à avril 1940.
Après l’Armistice de juin 1940,
les symboles de coque sont conservés quelque soit le changement d’affectation
d’un navire. A l’exception unique du Milan, qui portera le X113 puis le X111
jusqu’à sa perte.
Cas particulier des
sous-marins :
Les
sous-marins constituent un cas à part, qui ne semble pas suivre de règle
générale. La plupart du temps, ils ne comporteront pas de signe distinctif, mis
à part leur nom sur les flancs de leur baignoire. Néanmoins, on peut noter que
deux systèmes d’identification ont été utilisés. Le premier consiste à peindre
sur les flancs du kiosque les lettres significatives du nom. L’autre consiste à
peindre de grands chiffres sur le kiosque suivant un système analogue aux
bâtiments de surface. Il faut noter que les neufs exemplaires de la classe
Requin porteront un numéro (de S1 à S9) sur le devant de leur kiosque, au début
de leur carrière.
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L'Eurydice sabordée à Toulon nous montre son code d'identification par chiffre (Collection Wilfried Langry) |
Les anneaux de
cheminée :
Les anneaux peints sur les
cheminées sont également un moyen de distinguer les navires.
Pour les cuirassés, ce système
apparaît dès 1914. Il permet de connaître la division d’appartenance d’un
navire. Le système se décline comme suit :
1ère division : 1
anneau blanc
2ème division : 2
anneaux blancs
3ème division : 3
anneaux blancs
Et ainsi de suite…
En fonction de la place que va
occuper le cuirassé dans la ligne de file, le ou les anneaux sont portés sur la
1ère, 2ème ou 3ème cheminée.
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Le Paris en 1925. Il fait alors partie de la 1ère division cuirassée, second bâtiment dans la ligne de file. (Collection Wilfried Langry) |
Pour les croiseurs du programme
naval, un système analogue est institué, le nombre et la localisation des
anneaux étant fonction de l’affectation et de la place du navire dans la
division.
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Le Colbert arborant deux anneaux blancs sur sa deuxième cheminée (Collection Wilfried Langry) |
En ce qui concerne les forces
légères, les anneaux blancs vont former le système distinctif de l’Escadre de
l’Atlantique. Ils ne portent pas de marque de coque, contrairement aux navires
de l’Escadre de Méditerranée.
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Le Lynx avec son anneau de cheminée et sans marque de coque (Collection Wilfried Langry) |
Ces anneaux ont pour objet l’identification d’un
navire en fonction de sa division d’appartenance et son rang au sein de cette
dernière. A partir d’octobre 1934, les marques de coque sont généralisées dans
les deux escadres. Les anneaux de cheminée sont toutefois conservés et ne servent plus qu’à identifier la division d’appartenance. Tous les bâtiments d’une même
division porteront ainsi le même nombre d’anneaux sur la même cheminée.
Une circulaire du 27 février 1939
va réorganiser le système des anneaux avec l’ajout de nouveaux anneaux de
couleur. Le 19 mai 1940, une autre circulaire va ordonner la suppression des
anneaux blancs jugés trop indiscrets. Les anneaux de couleur, quant à eux, sont
conservés. Après l’Armistice de juin 1940, le système d’anneaux est conservé
sur les navires des Forces de Haute Mer. Ils disparaîtront totalement après le
sabordage du 27 novembre 1942. En effet, les quelques navires récupérés par
l’occupant et ceux ayant repris le combat aux côtés des alliés seront
entièrement repeints.
Les marques de neutralité :
Les marques de neutralité
apparaîtront pour la première fois en 1937, sur les navires de toute
nationalité croisant dans les eaux espagnoles. Ce système de marques est mis en
place afin d’éviter toute méprise provenant des belligérants nationalistes ou
républicains. Elles disparaissent en avril 1939, à la fin de la guerre civile
espagnole.
Pour les navires français, ces
marques consistent en la peinture de bandes tricolores sur les masques des
pièces d’artillerie (n°2, 3 et 4 pour les contre-torpilleurs ; n°2 et 3
pour les torpilleurs et croiseurs). Ces bandes sont peintes sur les parois
verticales et le toit des masques, de façon continue. La bande bleue se trouve
vers l’avant du navire.
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L'Albatros pendant la guerre civile espagnole. Il arbore des bandes tricolores sur ses masques 2,3 et 4 (Collection Wilfried Langry) |
Les marques de neutralité font
leur retour sur l’ensemble des navires français après la signature de
l’armistice de juin 1940. Ce système est d’ailleurs étendu aux navires civils
qui vont porter sur leurs flancs, de grands drapeaux tricolores accompagnés du nom du bâtiment.
En ce qui concerne les navires de
guerre, le système des bandes tricolores est à nouveau appliqué. Lorsque les
bâtiments ne possèdent pas de tourelle où de masque d’artillerie, un grand
drapeau tricolore est peint sur les flancs (comme sur le Commandant Teste)
ou sur le bloc passerelle comme les avisos de classe Elan. Sur certains
navires, les deux systèmes vont même se côtoyer, comme sur l’Amiral Charner
qui arborera des drapeaux tricolores sur sa coque et des bandes tricolores sur
ses masques d’artillerie.
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Le Commandant Teste et sa marque de neutralité (Collection Wilfried Langry) |
Pour les sous-marins, on peut
distinguer deux systèmes. Soit des bandes tricolores sont peintes d’un ballast
à l’autre, en passant par la baignoire, soit de grands drapeaux tricolores
seront appliqués sur les flancs du kiosque.
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Sous-marin de 1500t avec une marque de neutralité sous forme d'un drapeau tricolore (Collection Wilfried Langry) |
On peut également noter quelques variations,
comme sur cette photo du Mars présentant une cocarde tricolore sur le
toit de sa tourelle de télémétrie.
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Vue plongeante du Mars présentant une cocarde sur le toit de la tourelle de télémétrie (Collection Wilfried Langry) |
Ces marques de neutralité disparaîtront à nouveau lorsque les navires français reprendrons le combat et adopterons les systèmes d'identification alliés.
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