Le Commandant Teste en rade de Toulon (Collection Wilfried Langry) |
A la fin de la
Première Guerre Mondiale, le besoin de soutenir les hydravions en mer se fait
sentir. On envisage alors la conversion de cargos assez grands pour accueillir
des hydravions ainsi que les ateliers nécessaires à leur activité.
Toutefois,
c’est l’option d’un navire neuf qui est retenue. Le futur transport
d’hydravions est commandé au titre de la tranche 1925, votée le 13 juillet de
la même année. Il est baptisé Commandant Teste, en hommage à Paul Teste qui fut
l’un des pionniers de l’aéronautique navale française. Un 1920, il fut
d’ailleurs le premier pilote à apponter sur l’ex cuirassé Béarn qui se trouvait alors en cours de
conversion en porte-avions.
Le Commandant
Teste est mis sur cale le 6 septembre 1927 aux Forges et Chantiers de la
Gironde, à Bordeaux. Son lancement intervient le 12 avril 1929.
Une fois son achèvement terminé, il quitte Bordeaux en juin 1931 et rallie Toulon. Le 30
mars de l’année suivante, il débute sa traversée de longue durée qui le mènera
en Algérie et en Tunisie. Il est de retour le 12 avril 1932. Six jours plus
tard, il est intègre l’Escadre de la Méditerranée. Le 30 avril suivant, en
compagnie de la Lorraine et équipé de ses deux escadrilles d’hydravions (7S2 et
7B2), il appareille pour Bizerte où il rejoint le reste de la 1ère
Escadre.
L’ensemble des navires vont alors croiser au large de La Sude,
Beyrouth et Tripoli. L’Escadre est de retour à Toulon le 25 juin. Le reste de
l’année sera marquée par plusieurs exercices le long des côtes du Var. Fin
décembre, le Commandant Teste entre à l’arsenal pour y subir des travaux
jusqu’au 1er mars 1933. Ses escadrilles sont transférées sur la base
de l’Etang de Berre suite à cette indisponibilité. De nouveau opérationnel, il
appareille de Toulon le 26 mars pour rétablir l’ordre sur les côtes françaises
des Somalies. Pour assurer cette mission, il embarque l’escadrille 7S2, 3
hydravions Goliath de la 3B1 et des tirailleurs sénégalais. Il est de retour à
Toulon le 6 mai suivant. Le 23 décembre, il entre de nouveau dans une période
de travaux qui vont l’immobiliser jusqu’en avril 1934. Il est définitivement
admis au service actif le 18 du même mois. Il séjourne par la suite en Tunisie,
du 19 avril au 5 mai 1935. Il appareille ensuite pour l’Atlantique et retrouve
Toulon le 29 juin suivant. Il effectuera par la suite des sorties d’exercice
jusqu’à son entrée en grand carénage aux chantiers de La Ciotat, à partir du 12
novembre.
En août 1936, il est à nouveau opérationnel et il est basé à Oran en septembre 1937. Il est alors affecté aux Patrouilles de l’Océan qui ont pour but la protection du trafic maritime le long des côtes espagnoles, théâtre de la guerre civile qui touche le pays depuis 1936. Il y fera plusieurs séjours jusqu’en février 1938. Le Commandant Teste retourne en France pour voir ses catapultes modifiées afin de permettre le lancement d’hydravions plus importants.
Le Commandant Teste croisant un navire à passager (Collection Wilfried Langry) |
En août 1936, il est à nouveau opérationnel et il est basé à Oran en septembre 1937. Il est alors affecté aux Patrouilles de l’Océan qui ont pour but la protection du trafic maritime le long des côtes espagnoles, théâtre de la guerre civile qui touche le pays depuis 1936. Il y fera plusieurs séjours jusqu’en février 1938. Le Commandant Teste retourne en France pour voir ses catapultes modifiées afin de permettre le lancement d’hydravions plus importants.
Le commandant Teste au mouillage. les grues sont prêtes à être actionnées (Collection Wilfried Langry) |
Suite à la
dégradation générale de la situation politique en Europe, le Commandant Teste
réalise de nombreuses rotations entre l’Afrique du nord et la métropole. Il y
transporte de nombreux avions. En août 1939, il fait partie de la 6ème
Escadre et embarque six Loire 130 et huit Laté 298 pour Oran. Arrivé sur place,
l’exiguïté du port ne permet pas la manœuvre d’hydravions. Les Laté 298 de
l’escadrille HB1 sont alors contraints de se rendre à Arzew. Ils seront
rejoints le 13 décembre par les appareils de la HS1. Le Commandant Teste est
alors basé à Bizerte. Jusqu’en juin 1940, il reprendra son rôle de transport
d’aviation.
Le Teste à Casablanca au cours de ses missions de transport d'aviation (Collection Wilfried Langry) |
Début juillet 1940, il se trouve
à Mers-El-Kébir. Par miracle, il ne sera que très peu endommagé. Par des éclats
de béton provenant de la grande jetée. Il participera activement au sauvetage
des marins de la Bretagne. Afin d’échapper à une nouvelle attaque anglaise, il
se réfugie à Bizerte le 6 juillet.
Il finit par regagner Toulon le
18 octobre suivant. Le Commandant Teste est aussitôt placé en gardiennage
d’armistice et désarmé.
Le 9 juin 1941, il reprend du
service au sein du groupe des écoles de la 3ème région maritime. Il
réalisera quelques sorties aux Salins d’Hyères jusque novembre 1942.
Le 27 novembre
1942, les allemands tentent de miner la rade et le port. La DCA riposte mais se
tue rapidement. Seule l’artillerie du Commandant Teste continuera à gêner les
opérations aériennes allemandes. Il couvre ainsi le départ des sous-marins
Glorieux, Casabianca, Iris, Vénus et Marsouin.
A six heures, le capitaine de
vaisseau Deglo De Besse, commandant du Teste, reçoit l’ordre de saborder son
bâtiment par l’intermédiaire du cuirassé Provence amarré à ses côtés. A six
heures trente, les prises d’eau de la coque sont ouvertes et l’équipage
commence à évacuer. Les allemands sont déjà là et ne s’aperçoivent pas que le
navire coule. Ils montent à bord et somme le commandant Deglo De Besse de
quitter son bâtiment. Au même moment, le Commandant Teste s’incline sur tribord
et se pose sur le fond, le long de l’angle Robert. Il est sept heures. Il n’y a
pas eu de destruction et l’artillerie est intacte.
Courant 1943,
l’artillerie antiaérienne du navire est démontée pour équiper les batteries de
DCA du port de Toulon et de ses environs.
Le renflouement du Commandant
Teste est confié à la société Negri de Marseille pour le compte des italiens.
Les travaux débutent le 26 mars 1943 à l’aide de pompes et s’achèvent le 15 mai
suivant lorsqu’il entre dans la forme grande forme sud est pour réfection de
l’étanchéité de la coque. Il est ensuite amarré au poste 6 des appontements
Milhaud. Il est alors prévu de le transférer en Italie, mais l’armistice conclu
avec les alliés va faire capoter le projet.
Le bâtiment
est alors remis aux allemands. Le Commandant Teste est amarré sur coffre dans
la rade de Toulon à partir du 3 janvier 1944.
Il est restitué à la France le 12
mai 1944 et intègre la « Flotte Symbolique » et est amarré au Lazaret
le 19, en compagnie du Strasbourg notamment. C’est à cet emplacement qu’il sera
de nouveau coulé lors du bombardement du 19 août 1944.
L’épave est
relevée en février 1945. On envisage alors de le transformer en porte-avions
léger doté d’un pont d’envol de 163 m. Malheureusement, son âge et sa vitesse
réduite le condamnent. Il est utilisé comme dépôt de pièces détachées pour les
unités ex-US jusqu’au 15 mai 1950, date à laquelle il est définitivement
condamné.
Le Commandant Teste sera
démantelé en 1963.
Caractéristiques
techniques :
Déplacement : 10160t
standard, 11500t en charge, 12134t en charge maximale
Longueur : 167 m hors
tout
Largeur : 21,80 m
Tirant d’eau : 6,70 m
en charge
Propulsion : Deux
groupes de turbines à engrenages de type Schneider Zoelly entraînant deux
hélices de 4 m de diamètre
4 chaudières à surchauffe
Loire-Yarrow donnant une puissance de 23230 ch (les deux chaudières arrières
sont mixtes (fioul / charbon)
Vitesse : 21 nds
Autonomie : 2000
miles à 18 nds et 2500 à 10 nds
Protection : Ceinture
blindée de 50 mm et 3, 76 m de hauteur ; bulkhead partiel de 20 mm. Les
soutes à munition sont protégées par 50 mm d’acier sur les parois et 20 mm sur
le toit. Le pont est blindé de 24 à 36 mm. L’appareil à gouverner est protégé
par 26 mm de blindage et le bloc passerelle par 80 mm sur les pavois et 30 mm
sur le toit.
Armement :
-
12 canons de 100 mm mle 1927 en douze
affûts simples (6 sur le bloc passerelle, 2 entre les catapultes et 4 sur les
superstructures arrière). Ce canon de 45 calibres tire des obus de 14,95 kg à
1500 m (+34°) avec une cadence de tir de 10 coups à la minute. Ils étaient
protégés par un masque et pointaient entre entre -10° et + 85°. Chaque pièce
était approvisionnée par 280 obus, soit 3360 obus au total, dont 480 éclairants
et 120 traçants.
-
8 canons de 37 mm mle 1925 en huit affûts
simples (2 à l’avant, 2 à l’arrière et 4 autour de la cheminée). Il s’agit
d’une pièce de 50 calibres tirant des projectiles de 725g à une distance de
7175 m à l’élévation de + 45°. La cadence de tir était de 15 à 21 coups par
minute. Le pointage de la pièce va de – 15° à +80°. La dotation en obus est de
4000 soit 500 par canon.
-
12 mitrailleuses de 13,2 mm mle 1929 en
six affûts doubles. D’une longueur de 76 calibres, elle tire des cartouches de
122 g à une distance de 7200 m (+45°) en tir contre surface et 4200 m contre
but aérien. La cadence de tir est de 200 à 250 coups par minute. Le pointage va
de – 10° à + 90°.
Installations aériennes :
Le Commandant Teste est équipé d’un hangar de 84 m de long et 26,5 m de large,
partiellement divisé en deux par un bulkhead qui intègre les conduits de
cheminée et de ventilation. Il a une capacité de 10 hydravions torpilleurs ou
20 plus petits. Six autres peuvent être embarqués démontés. 5 grues électriques
de 7 à 12 tonnes permettent la manipulation des aéronefs. 4 catapultes à air
comprimé Penhoët permettent de lancer des appareils pesant jusqu’à 2,5 t. Un e
rampe d’amerrissage complètent ses installations.
Aviation : Le
Commandant Teste est d’abord équipé de biplans torpilleurs de type PL 14 et PL
15. Ils sont remplacés en 1939 par des Laté 298.
L’unité d’observation comprendra
des Gourdou Leseurre GL 810, GL 811, GL 813 puis des Loire 130.
Le bâtiment n’embarquera jamais
d’hydravion de chasse car le Loire 210 initialement prévu sera très rapidement
retiré du service.
superbe article qui rend hommage à un navire considerer par beaucoup comme raté
RépondreSupprimerBonjour et merci pour votre commentaire.
RépondreSupprimerDe façon étonnante, le Commandant Teste à plus servit comme transport d'aviation que comme bâtiment base d'aviation.
A bientôt sur Marine 1939.
Kleinst
Bonsoir, mon grand père était a la salle des machines, fourneaux , il m en a parlais de ce navire ainsi que du suffren. Merci de faire revivre
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerMon grand père était marin sur ce bateau, et je recherche les archives militaire concernant les equipages du commandant teste, sauriez vous ou je pourrai les trouver.
Pascale
Mon père y était en 1938-39 comme quartier maître. Il m' a informé que le but était de catapulter les hydravions de faire des vols de reconnaissance des mouvements ennemis et de les transmettre à l'Etat Major,
Supprimerpuis récupérer l'hydravion dans des filets à le mer et les gruter à bord pour les mettre dans les hangars internes. Lors de houle de mer, il était impossible de mouvement et inexploitable. Les américains avaient eux deux guerres d'avance avec leur porte avions.Il aura donc servit à rien et précipité la débâcle française face aux allemands.On ne peut donc compter que sur soit.
Quant aux archives elles sont classées secret défense pour au moins 100 à 150 ans, donc pas de recours contre les incapacités des Etats. Les soldats meures au front et les généraux ou Pétain au lit.
Je viens de retrouver les photos et le journal de bord de mon grand-père, mécanicien d'aéro sur le commandant teste de décembre 1936 a janvier 1942. Je suis en train d'en faire une page entièrement dédiée sur mon site perso.(retranscription exacte du journal de bord + photos + articles de presse de l'époque)
RépondreSupprimerMon père était second maître mécanicien sur le Commandant Teste de juin 1939 à novembre 1940. Je suis vivement intéressée par le journal de bord et les photos car j’écris l’histoire de mon pere dans la Marine de 1927 à 1962. J’ai des photos personnelles prises du Comandant Teste le 3 juillet 1940.
SupprimerMerci
Bonjour,
RépondreSupprimerMon père était affecté comme apprenti canonnier sur ce navire en juillet 1942, donc sans avoir navigué.
N° de matricule 8877-T-42. Prisonnier puis requis STO en 1943. J'aurai aimé en savoir plus sur son parcours durant cette période, car peu de conversations de son vivant. J'ai quelques documents et des photos des bâtiments sabordés,que je mets à disposition pour votre historique si besoin. A bientôt.
Bonsoir, je recherche des documents sur ce bateau, photos etc...
RépondreSupprimerCordialement,
Philippe
Mon père a fait ses classes sur le Commandant Teste en 1942, puis a intégré la Première Division Française Libre, Régiment Fusiliers Marins, qui a débarqué à La Croix-Valmer le 16 août 1944.
RépondreSupprimer